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★★★☆☆ Le Train pour Venise


André Berthomieu / 1938 / France

Avec : Max Dearly (M. Chardonne), Victor Boucher (Étienne de Boisrobert), Huguette Duflos (Caroline Ancelot), Louis Verneuil (Michel Ancelot), Roger Vieuille (Amédée, le valet de chambre), Madeleine Suffel (Berthe, la femme de chambre), Louis Florencie (M. Durand), Pierre Etchepare (M. d’Aubigny), Jean Diener (Francis), Henri Delivry (le croupier), Georges Douking (le barman), Léon Larive (un solliciteur), Robert Ralphy (un solliciteur), Marcel Méral, Germaine Lançay, Claire Olivier...


Accaparé par son travail, Michel Ancelot, éditeur parisien de romans à succès, néglige un peu trop son élégante épouse, Caroline, à la plus grande satisfaction du soupirant cette dernière, le très sémillant et très oisif Étienne de Boirobert. Après avoir découvert, un peu par hasard, que les deux tourtereaux, qui ne sont d’ailleurs pas encore passés à l’acte, ont projeté de s’enfuir ensemble à Venise, Ancelot multiplie les stratagèmes afin de les en empêcher, allant pour ce faire jusqu’à devenir le meilleur ami de Boisrobert, auquel il n’a aucun mal à faire croire qu’ils ont poursuivi, jadis, leurs études dans le même lycée. Excédée du temps que son amant (potentiel) consacre à son mari (avéré), dont il a entrepris de sculpter le buste, Caroline, dont la patience n’est pas le fort, finit par rompre, et se console de cet échec tout relatif en s’offrant une seconde lune de miel en compagnie de son ingénieux époux.


Tourné quelques mois après la création de la pièce éponyme sur la scène du Théâtre Saint-Georges, Le Train pour Venise reste l’une des comédies filmées les plus plaisantes jamais produites en France à la toute fin des années 1930. L’intrigue est habile, la mise en scène fluide, les dialogues étincelants, et le numéro de duettistes formé par Dearly et Boucher, étourdissant de bout en bout. Alors ? L’erreur principale de Berthomieu, manifestement prisonnier du cahier des charges, a sans doute été de réengager les « créateurs » Louis Verneuil et Huguette Duflos pour reprendre à l’écran les rôles de Michel et de Caroline Ancelot. Le premier n’est certes pas maladroit, mais – aussi injuste la chose puisse-t-elle paraître – reste handicapé par un physique anticinématographique au possible. La seconde, censément trop âgée pour jouer les irrésistibles coquettes ad vitam (elle vient de dépasser la cinquantaine et cela se voit un peu trop dès que le chef opérateur se met aux abonnés absents), pèche par un jeu inégal. Pour endosser un tel personnage, il aurait fallu engager une actrice naturellement plus trépidante, au choix Edwige Feuillère, Annie Ducaux ou Renée Saint-Cyr, et le film – un chouïa trop conventionnel au regard du matériau initial – y eût assurément gagné en folie. N’en demeure pas moins le plaisir, très vif, procuré par la vision de Dearly – virtuosité toute – s’indignant haut et fort parce qu’il croit que son gendre est effectivement devenu l’amant du soupirant de sa fille, par le numéro au cordeau de Madeleine Suffel, qui joue mieux que nulle autre les bécasses avec esprit, ou par la composition inénarrable de Roger Vieuille, que le Septième Art ne gâtera jamais autant par la suite. Ce qui n’est, avouons-le, déjà pas si mal…


Remake : My Life with Caroline, de Lewis Milestone (USA, 1941), avec Ronald Colman, Anna Lee et... Jeanine Crispin.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, octobre 2018. Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation expresse écrite des auteur et éditeur.

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