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★★☆☆☆ Le Roi des camelots


André Berthomieu / 1950 / France

Avec : Robert Lamoureux (Robert), Colette Ripert (Françoise), Yves Deniaud (Gaston Legendre), Charles Bouillaud (Émile, l'agent de police), Jean Carmet (La Globule), Lysiane Rey (Yvette), Robert Berri (Grand-Jo), Gaston Orbal (le marquis Bertrand de La Ricardière), Jacky Gencel (Jean-Jean), Robert Rollis (Fil-de-Fer), René Mazé (Michel), Geneviève Morel (Mme Marguerite), Paul Faivre (le fondé de pouvoir), Paul Villé (le président), Palmyre Levasseur (la logeuse), Florence Brière (la couturière), Maurice Biraud (le locataire en bagarre), Nicolas Amato (un locataire), Henry Niel (un badaud), Léon Larive (Paulo, le patron du bistrot), Lee Gordine (l'Américain), Yvonne Dany, Lucien Dorval, Nicole Régnault, Patrick Saint-Maurice, Jacques Vertan...


Ne parvenant pas à gagner sa vie honnêtement, mis à la porte sans préavis par sa logeuse et songeant de plus en plus, faute de mieux, à mal tourner, Robert, sympathique démonstrateur en chômage, finit par dérober un portefeuille. L’incident lui permet de faire fait la connaissance du truculent Gaston, camelot de son état, qui, l’obligeant à restituer l’objet du larcin, l’empêche ce faisant de glisser sur la mauvaise pente. Devenu, sous son heureuse influence, le « roi des Camelots », il finit par ouvrir sa propre école, fait fortune après avoir successivement attiré l’attention d’un important Consortium puis du délégué d’une non moins importante firme américaine, et ne tarde guère à s’éprendre de l’une de ses élèves, la blonde Françoise. Yvette, la propre fille de Gaston, qui l’avait traité de haut du temps où il était encore pauvre et sans avenir, saura se montrer bonne perdante, là où la gentille Françoise pourra à bon droit se déclarer enchantée d’être devenue, par amour, la « reine des Camelots ».


Un parfum légèrement éventé de Cinéma des années 1930, à mi-chemin entre René Clair et Prévert, plane sur cette fable jolie, plaisante et jamais édifiante, permettant à Berthomieu, parti d’un scénario original écrit à quatre mains avec Paul Vandenberghe, de renouer, en mode mineur, avec le climat de Dédé La Musique (1939), pour le coup authentique chef-d’œuvre d’avant-guerre. Gentillesse de bon aloi à babord et méchants pour rire à tribord, Le Roi des camelots n’en pèche pas moins en premier lieu par excès de manichéisme, et peut-être plus encore la paresse constante de son auteur-réalisateur, à laquelle n'échappent ni le scénario (habile mais prévisible de bout en bout), ni la mise en images. Pas un gramme d’écriture filmique, donc, mais, en revanche, des interprètes absolument épatants : vétérans et débutants confondus, Yves Deniaud et Charles Bouillaud, Jean Carmet et Gaston Orbal, Robert Berri et Robert Rollis, Paul Faivre et Paul Villé constituent, sur la durée ou de façon plus éphémère, une formidable haie d’honneur au plus que probant Robert Lamoureux, héritant là de sa première tête d'affiche à l'écran et bien mieux servi par Berthomieu qu’il ne le sera, au cours des deux années suivantes, dans les autrement pénibles Chacun son tour (1951) et Allo ! … Je t'aime (1952). L’abattage demi-luxe (le rôle le veut ainsi) de la pulpeuse Lysiane Rey n’est pas dénué de charme ni d’efficacité, et la blonde Colette Ripert endosse sans une once de mièvrerie la succession de Blanchette Brunoy, à qui le personnage de Françoise eût immanquablement échu si Le Roi des camelots avait été mis en chantier dix ou douze ans plus tôt. Était-il absolument indispensable de greffer à une intrigue, gentillette mais pas connelette, les médiocres numéros de music-hall – eux très platement filmés – auxquels se livrent successivement Jean Carmet et Robert Lamoureux sur la scène du Moulin de la Galette ? Pas nécessairement. Cela nuit-il pour autant à l'efficacité d'une comédie dont l’action se suffisait parfaitement à elle-même ? Un peu, mais pas de quoi bouder son plaisir non plus. Berthomieu – c’est bien là l'essentiel – se tire de son cahier des charges avec les honneurs (ce qui n’est pas très surprenant en soi), mais sans génie (ce qui ne l’est pas davantage), et la sincérité, jamais suspecte, de ses interprètes, Yves Deniaud et Colette Ripert en tête, fait le reste. Joli spectacle, dispensable mais somme toute réussi.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, novembre 2018. Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation écrite des auteur et éditeur.


Photo : Robert Lamoureux et Yves Deniaud, René Chateau/La Mémoire du Cinéma, D.R.

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